Les paroles de la chanson
« Un gamin dans le nord »
Marc Robine
Les hommes étaient revenus de guerre depuis bientôt quinze ans
Ils en parlaient encore entre eux, certains soirs, au café
Certains évoquaient leur jeunesse, les copains, le bon temps
D’autres avaient des blessures qui ne se refermeraient jamais
Les femmes travaillaient, pour la plupart, aux filatures
Et il leur manquait bien souvent des petits bouts de doigts
Phalanges oubliées que le fil de soie
Leur volait au passage et qu’elles ramassaient dans la sciure
Et moi, j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord
En sortant des fonderies, les hommes s’arrêtaient boire un jus
Et le café était l’endroit où tout se discutait
Les vieux roulaient leur gris, les jeunes fumaient des toutes cousues
L’hiver, on faisait du vin chaud avec un tisonnier
Régulièrement, la fin du mois commençait vers le vingt
Et pour tenir jusqu’à la paie il ne restait pas grand-chose
Sur la place de la mairie, y avait une statue de Mermoz
Un enfant du pays qui était parti mourir au loin
Et moi, j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord
Quand la ducasse s’installait pour le quatorze juillet
On faisait des parties de tir, pour gagner des photos
De filles en bikini qu’on planquait sous nos oreillers
Devant le monument aux morts, les hommes jouaient au javelot
Derrière l’ancienne verrerie, les grands donnaient des rendez-vous
A des filles qui offraient leurs seins à leurs mains trop pressées
Dans la cour aux carreaux cassés, ils s’embrassaient debout
Nous, on rampait comme des indiens, pour les épier de près
Ô j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord
A quatorze ans, c’était fini, l’enfance s’achevait
Devant les portes de l’usine, pour la plupart des copains
Alors, on se perdait de vue et lorsqu’on se croisait
On sentait qu’ils étaient des hommes, et nous des collégiens
Au café, ils tenaient leur place et nous toisaient de haut
Nous, le jeudi, on s’en allait jouer dans les pâtures
Bordées de haies, piquées de mûres, de groseilles à maquereau
Et l’on s’ battait pour les manger avant qu’elles ne soient mûres
Ô j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord
Les plus anciens nous racontaient les grèves de Fourmies
Verdun et le Chemin-des-Dames, Jean Jaurès et de Gaulle...
A la radio, on écoutait nos premiers rock’n’roll
Et déjà, nos grands frères partaient refaire la guerre en Algérie
A mon tour, je m’en suis allé courir le monde, voir autre chose
Me frotter aux regards des hommes, aux caresses des femmes
Tenter de découvrir enfin ce que cherchait Mermoz...
Et quand je repasse dans le coin, je ne m’arrête jamais
Pourtant, j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord
Ils en parlaient encore entre eux, certains soirs, au café
Certains évoquaient leur jeunesse, les copains, le bon temps
D’autres avaient des blessures qui ne se refermeraient jamais
Les femmes travaillaient, pour la plupart, aux filatures
Et il leur manquait bien souvent des petits bouts de doigts
Phalanges oubliées que le fil de soie
Leur volait au passage et qu’elles ramassaient dans la sciure
Et moi, j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord
En sortant des fonderies, les hommes s’arrêtaient boire un jus
Et le café était l’endroit où tout se discutait
Les vieux roulaient leur gris, les jeunes fumaient des toutes cousues
L’hiver, on faisait du vin chaud avec un tisonnier
Régulièrement, la fin du mois commençait vers le vingt
Et pour tenir jusqu’à la paie il ne restait pas grand-chose
Sur la place de la mairie, y avait une statue de Mermoz
Un enfant du pays qui était parti mourir au loin
Et moi, j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord
Quand la ducasse s’installait pour le quatorze juillet
On faisait des parties de tir, pour gagner des photos
De filles en bikini qu’on planquait sous nos oreillers
Devant le monument aux morts, les hommes jouaient au javelot
Derrière l’ancienne verrerie, les grands donnaient des rendez-vous
A des filles qui offraient leurs seins à leurs mains trop pressées
Dans la cour aux carreaux cassés, ils s’embrassaient debout
Nous, on rampait comme des indiens, pour les épier de près
Ô j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord
A quatorze ans, c’était fini, l’enfance s’achevait
Devant les portes de l’usine, pour la plupart des copains
Alors, on se perdait de vue et lorsqu’on se croisait
On sentait qu’ils étaient des hommes, et nous des collégiens
Au café, ils tenaient leur place et nous toisaient de haut
Nous, le jeudi, on s’en allait jouer dans les pâtures
Bordées de haies, piquées de mûres, de groseilles à maquereau
Et l’on s’ battait pour les manger avant qu’elles ne soient mûres
Ô j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord
Les plus anciens nous racontaient les grèves de Fourmies
Verdun et le Chemin-des-Dames, Jean Jaurès et de Gaulle...
A la radio, on écoutait nos premiers rock’n’roll
Et déjà, nos grands frères partaient refaire la guerre en Algérie
A mon tour, je m’en suis allé courir le monde, voir autre chose
Me frotter aux regards des hommes, aux caresses des femmes
Tenter de découvrir enfin ce que cherchait Mermoz...
Et quand je repasse dans le coin, je ne m’arrête jamais
Pourtant, j’étais
Un gamin dans le Nord
Moi, j’étais alors
Un gamin dans le Nord