Les paroles de la chanson
« Soliloque »
Georges Chelon
Je serai presque imbécile,
Presque mort, presque à l’asile
Enfin je serai gâteux,
Impotent et radoteux,
Lorsque l’on viendra me dire
Que j’avais des choses à dire,
C’est merveilleux.
Je n’ai pas assez de rides,
Pas d’accent, et ça fait vide,
On ne prend guère au sérieux
Que ceux qui sentent le vieux.
Je ne fais pas de risettes,
Je ne fais pas de courbettes,
Je fais merdeux.
Je ne fais pas de scandale,
J’ai des allures normales,
Je n’ai pas de grande famille
Et je n’aime qu’une fille.
Je n’distribue pas d’enveloppes,
Je ne vais pas à Saint-Trop’,
C’est pas sérieux.
Je n’ai pas de club de fans,
Tous ceux qui m’aiment n’ont pas l’âme
De quelques gens qui se complaisent
A expédier quelques fadaises
Aux radios ou à la télé,
Que j’en sois ou non le sujet,
Et c’est miteux.
Dans ce monde où l’on rigole
Dans ce monde farandole,
Dans ce futur optimiste,
C’est vrai que je fais fort triste,
Je fais toujours le même air,
Mes sujets sont trop sévères,
C’est pas douteux.
Je fais paroles et musique,
C’est mal vu par les critiques,
Ça fait celui qui se croit,
Qui veut tout garder pour soi,
Les millions de la Sacem
Ça va toujours chez le même,
C’est prétentieux.
De plus, l’Académie de la
Chanson française m’honora
Afin que je me heurte aux murs
Des théâtres de la culture,
Je ne dois pas faire le poids
Les autres le font mieux que moi.
J’en suis envieux.
Je n’fais pas de politique,
A tort, vu que les statistiques
Prouvent que l’on voit plus souvent
Des artistes dits bien penchants
Que ceux qui n’ont pas d’opinion,
Le soir, à la télévision,
C’est pas douteux.
Et puis je ne suis pas sociable,
J’ai un caractère minable,
On m’a entendu râler
Pour un piano désaccordé,
Pour une sono qui larsen
Et pour un mètre de scène,
De mieux en mieux.
Moi qui détiens le premier prix
Des galas que l’on dit gratuits,
Que l’on prévient tout juste à temps,
Pour faire des remplacements,
Quand je réponds qu’je regrette,
Ils disent que j’ai la grosse tête,
C’est merveilleux.
Faudrait que j’aille en Amérique,
Y dépenser quelques briques,
Pour faire le "Carneguignol",
Pour m’y faire une auréole,
Après ce sera l’ovation,
On m’prendra pour l’Eurovision,
C’est-y pas mieux.
Après toutes ces recettes,
Ces constatations de faits,
Ces concessions en puissance,
Je devrais faire pénitence,
Je devrais, si je veux plaire,
Commencer d’abord par me taire,
Mais je ne peux.
C’est une chanson miteuse,
C’est une chanson honteuse,
D’ailleurs, ce n’est pas une chanson,
Ça n’a pas d’air et pas de pont,
Je pourrais même, en désespoir de cause,
Recommencer l’histoire,
Recommençons.
Un petit aparté, quand même,
Nous sommes une bonne douzaine
Qui portons la tare du métier,
Celle de n’être que Français.
Que ne venons nous pas du Caire,
De la Russie, de l’Angleterre,
Ça marcherait mieux.
Nous serons presque imbéciles,
Presque morts, presque à l’asile,
Enfin nous serons gâteux,
Impotents et radoteux,
Lorsque l’on viendra nous dire
Que nous avions des choses à dire,
C’est merveilleux.
Presque mort, presque à l’asile
Enfin je serai gâteux,
Impotent et radoteux,
Lorsque l’on viendra me dire
Que j’avais des choses à dire,
C’est merveilleux.
Je n’ai pas assez de rides,
Pas d’accent, et ça fait vide,
On ne prend guère au sérieux
Que ceux qui sentent le vieux.
Je ne fais pas de risettes,
Je ne fais pas de courbettes,
Je fais merdeux.
Je ne fais pas de scandale,
J’ai des allures normales,
Je n’ai pas de grande famille
Et je n’aime qu’une fille.
Je n’distribue pas d’enveloppes,
Je ne vais pas à Saint-Trop’,
C’est pas sérieux.
Je n’ai pas de club de fans,
Tous ceux qui m’aiment n’ont pas l’âme
De quelques gens qui se complaisent
A expédier quelques fadaises
Aux radios ou à la télé,
Que j’en sois ou non le sujet,
Et c’est miteux.
Dans ce monde où l’on rigole
Dans ce monde farandole,
Dans ce futur optimiste,
C’est vrai que je fais fort triste,
Je fais toujours le même air,
Mes sujets sont trop sévères,
C’est pas douteux.
Je fais paroles et musique,
C’est mal vu par les critiques,
Ça fait celui qui se croit,
Qui veut tout garder pour soi,
Les millions de la Sacem
Ça va toujours chez le même,
C’est prétentieux.
De plus, l’Académie de la
Chanson française m’honora
Afin que je me heurte aux murs
Des théâtres de la culture,
Je ne dois pas faire le poids
Les autres le font mieux que moi.
J’en suis envieux.
Je n’fais pas de politique,
A tort, vu que les statistiques
Prouvent que l’on voit plus souvent
Des artistes dits bien penchants
Que ceux qui n’ont pas d’opinion,
Le soir, à la télévision,
C’est pas douteux.
Et puis je ne suis pas sociable,
J’ai un caractère minable,
On m’a entendu râler
Pour un piano désaccordé,
Pour une sono qui larsen
Et pour un mètre de scène,
De mieux en mieux.
Moi qui détiens le premier prix
Des galas que l’on dit gratuits,
Que l’on prévient tout juste à temps,
Pour faire des remplacements,
Quand je réponds qu’je regrette,
Ils disent que j’ai la grosse tête,
C’est merveilleux.
Faudrait que j’aille en Amérique,
Y dépenser quelques briques,
Pour faire le "Carneguignol",
Pour m’y faire une auréole,
Après ce sera l’ovation,
On m’prendra pour l’Eurovision,
C’est-y pas mieux.
Après toutes ces recettes,
Ces constatations de faits,
Ces concessions en puissance,
Je devrais faire pénitence,
Je devrais, si je veux plaire,
Commencer d’abord par me taire,
Mais je ne peux.
C’est une chanson miteuse,
C’est une chanson honteuse,
D’ailleurs, ce n’est pas une chanson,
Ça n’a pas d’air et pas de pont,
Je pourrais même, en désespoir de cause,
Recommencer l’histoire,
Recommençons.
Un petit aparté, quand même,
Nous sommes une bonne douzaine
Qui portons la tare du métier,
Celle de n’être que Français.
Que ne venons nous pas du Caire,
De la Russie, de l’Angleterre,
Ça marcherait mieux.
Nous serons presque imbéciles,
Presque morts, presque à l’asile,
Enfin nous serons gâteux,
Impotents et radoteux,
Lorsque l’on viendra nous dire
Que nous avions des choses à dire,
C’est merveilleux.