Les paroles de la chanson
« Mes amis, mes amours »
Hélène Martin
Mes amis, mes amours, la salle est si petite
Que nos cœurs suffiraient, ensemble, à la chauffer
Mais vivent les flambeaux, l’âtre qui danse vite
Et tous ces chaleureux, les cuivres, les marmites,
Les épices, le rhum, le tabac, le café
Dehors, le plus grand gel de tout l’hiver s’orchestre
Les fins archers de l’Est et du Septentrion
Célèbrent dans l’aigu la nuit de Saint-Sylvestre
Et la sévère terre à l’heure où nous rions
Tient plus fort que jamais les défunts sous séquestre
Riez donc, chers vivants, brillez, beaux hommes jeunes,
Femmes encore en fleur dans votre âge fruitier,
Partagez ardemment l’orange et l’amitié,
Un soir, tout l’avenir sera que vous partiez
Observer sans retour le silence et le jeûne
Vous ai-je bien traités? Dans les sauces profondes
Qui doivent leurs saveurs aux quatre coins du monde,
Le grand vin susceptible et dévotement bu,
Dans le rôti qu’on scie, le gâteau qui redonde,
Avez-vous savouré l’esprit de ma tribu?
Ah! Chers civilisés, chères civilisées,
Procédons sous le gui à nos rites fervents
Tandis que sans raison, sans passion, le vent
Vitriole de givre et de poussière usée
Les saintes des parvis, les maisons, les musées
Qu’un vif brouillon de voix mélange nos passés,
Nos songes, nos démons, nos dieux, nos trépassés,
Le Brabant, l’Aquitaine, et ma ville effrénée
Qui fait rieusement ses adieux à l’année
Entre Chartres muette et Versailles glacée
Toi, croyant qui nous vois flanqués d’anges en armes,
Vous, que Goethe ou Stendhal mieux que la Bible charme,
Heurtez vos Gabriel, vos Faust et vos Sorel
Et bien enchevêtrés dans un riche vacarme
Brassons l’intemporel avec le temporel
A tort et à travers, à bouche que veux-tu
Discutez, disputez, bien subtils et bien fauves,
Que sous le proclamé rayonne tout le tu
Et que dans vos regards, beaux couples bien vêtus,
Luisent furtivement vos beaux secrets d’alcôve
Tandis que sans raison, sans plaisir, sans remords,
La bise de toujours lamine les royaumes,
Malmène les oiseaux, les ramures, les dômes
Et ce chaud réveillon haut perché qui embaume,
Petite orange en fête aux branches de la mort
Que nos cœurs suffiraient, ensemble, à la chauffer
Mais vivent les flambeaux, l’âtre qui danse vite
Et tous ces chaleureux, les cuivres, les marmites,
Les épices, le rhum, le tabac, le café
Dehors, le plus grand gel de tout l’hiver s’orchestre
Les fins archers de l’Est et du Septentrion
Célèbrent dans l’aigu la nuit de Saint-Sylvestre
Et la sévère terre à l’heure où nous rions
Tient plus fort que jamais les défunts sous séquestre
Riez donc, chers vivants, brillez, beaux hommes jeunes,
Femmes encore en fleur dans votre âge fruitier,
Partagez ardemment l’orange et l’amitié,
Un soir, tout l’avenir sera que vous partiez
Observer sans retour le silence et le jeûne
Vous ai-je bien traités? Dans les sauces profondes
Qui doivent leurs saveurs aux quatre coins du monde,
Le grand vin susceptible et dévotement bu,
Dans le rôti qu’on scie, le gâteau qui redonde,
Avez-vous savouré l’esprit de ma tribu?
Ah! Chers civilisés, chères civilisées,
Procédons sous le gui à nos rites fervents
Tandis que sans raison, sans passion, le vent
Vitriole de givre et de poussière usée
Les saintes des parvis, les maisons, les musées
Qu’un vif brouillon de voix mélange nos passés,
Nos songes, nos démons, nos dieux, nos trépassés,
Le Brabant, l’Aquitaine, et ma ville effrénée
Qui fait rieusement ses adieux à l’année
Entre Chartres muette et Versailles glacée
Toi, croyant qui nous vois flanqués d’anges en armes,
Vous, que Goethe ou Stendhal mieux que la Bible charme,
Heurtez vos Gabriel, vos Faust et vos Sorel
Et bien enchevêtrés dans un riche vacarme
Brassons l’intemporel avec le temporel
A tort et à travers, à bouche que veux-tu
Discutez, disputez, bien subtils et bien fauves,
Que sous le proclamé rayonne tout le tu
Et que dans vos regards, beaux couples bien vêtus,
Luisent furtivement vos beaux secrets d’alcôve
Tandis que sans raison, sans plaisir, sans remords,
La bise de toujours lamine les royaumes,
Malmène les oiseaux, les ramures, les dômes
Et ce chaud réveillon haut perché qui embaume,
Petite orange en fête aux branches de la mort