Les paroles de la chanson
« Les légionnaires »
Polo
On est allé prendre un verre à la citadelle
Dans une boîte près du port. C’était lundi
C’était presque l’hiver et la pluie était telle
Que tout était fermé dans les rues de Calvi
C’était déjà la nuit. Avec David et Claire
Nous voici découvrant le lieu désert, le bar
Où trônait une jeune et blonde tenancière
Un peu trop maquillée. Nous voici au comptoir
Il y avait une autre femme, plus âgée
Essuyant les verres, comme dans la chanson,
Plus Corse, poivre et sel, elle semblait tirée
D’un vieux film avec Gabin ou Michel Simon
Et puis c’est tout. Deux femmes et nous trois, bien bêtes
Ricanant, tout gênés, Parisiens en un mot
Avec nos jeans Diesel et nos paires de lunettes
Tripotant nos téléphones d’un air idiot
Quelques spots clignotaient sur la piste déserte
Au son d’un tube du moment. Les cendriers
Brillaient, illuminés de ces lumières vertes
Des night-clubs de province au décor suranné
On dit bonjour, elles sourient, on prend un verre
Qu’on boit, et on pensait alors presque à bouger
Quand, à la porte apparut un grand légionnaire
Portant un képi blanc sur son crâne rasé
Suivi d’un autre encore plus grand et plus balèze
On évitait un peu de trop les regarder
On commençait même à se sentir mal à l’aise
Mais nous n’avions encore rien vu! Imaginez
Qu’il en entra ainsi bien une cinquantaine
Tirés à quatre épingles, aux souliers vernis
Une mer de drap beige aux senteurs incertaines
De cuir et de parfum d’after-shave. Transis
De peur, tous trois serrés au bar, parmi les fauves
Nous regardions une montagne de képis
S’accumuler en quelques instants dans l’alcôve
Du vestiaire feutré de la boîte de nuit
Qui n’a pas entendu ces histoires légendaires
De bagarres au couteau dans le port de Calvi
De vitrines cassées dans des litres de bière
De sauvages suant des fleuves de whisky?
Avez-vous déjà vu des tigres en costume
Saluer la taulière en découvrant leurs dents
Bien blanches et faisant tressaillir les volumes
Que forment sous leur peau leurs muscles et leur sang?
À boire! Et la musique à donf qui se déchaîne!
Le plus proche de nous, qui nous a remarqués
Nous aborde d’emblée. "Qu’est-ce qui vous amène?
Vous êtes Parisiens? Vous êtes vacanciers?"
Devant nous les consommations se renouvellent
Et nos verres sont remplis de ce que l’on buvait
Avant leur arrivée, et d’autres nous appellent
Et ils nous entourent, et nous questionnent, et le fait
De parler nous engage à sourire, et à faire
Connaissance et, l’alcool aidant, se raconter
Car nous n’eûmes le droit de régler aucun verre
Et chacun serait mort pour payer sa tournée!
Et la nuit se passa en histoires fort belles
Teintées de romantisme et de profond respect
Chaque mot pour la fille était "Mademoiselle"
Chaque regard pour nous était plein d’amitié
Ils nous ont expliqué la Légion étrangère
Avec tous les non-dits et les mots dangereux
La candeur oubliée aux horreurs de la guerre
Leur passé dont ils ne parlent pas. Car chez eux
Il y a des questions qui seraient indiscrètes
Il y a des souvenirs terribles que l’on tait
A-t-on déjà sondé le cœur des fortes têtes
Qui ne savent pleurer que des larmes d’acier?
Ils avaient rapporté du Vietnam ou d’Afrique
Du Nord, du Kosovo, de la Bosnie, du Tchad
Des tatouages, souvenirs mélancoliques
Où se gravaient les mots "Liberté", "Soledad"
"Une à ma mère", "À ma chérie", quelques réserves
De leurs amours pointées sur les doigts de leurs mains
Et lorsqu’ils se confient, bien souvent ils se servent
De ces livres de peau qui racontent sans fin
Puis la boîte a rangé ses Ricards et ses bières
Il fallait bien sortir et nous nous apprêtions
À prendre congé de nos amis légionnaires
"À pied? Vous plaisantez! Il n’en est pas question!"
Dirent-ils d’un seul corps. Ils nous raccompagnèrent
En Jeep décapotable, et roulant dans la nuit
Nous avons savouré l’odeur des conifères
Avec le capitaine et quelques potes à lui
On est allé prendre un verre à la citadelle
Dans une boîte près du port. C’était lundi
C’était presque l’hiver et la pluie était belle
Quand le jour se levait dans les rues de Calvi
Dans une boîte près du port. C’était lundi
C’était presque l’hiver et la pluie était telle
Que tout était fermé dans les rues de Calvi
C’était déjà la nuit. Avec David et Claire
Nous voici découvrant le lieu désert, le bar
Où trônait une jeune et blonde tenancière
Un peu trop maquillée. Nous voici au comptoir
Il y avait une autre femme, plus âgée
Essuyant les verres, comme dans la chanson,
Plus Corse, poivre et sel, elle semblait tirée
D’un vieux film avec Gabin ou Michel Simon
Et puis c’est tout. Deux femmes et nous trois, bien bêtes
Ricanant, tout gênés, Parisiens en un mot
Avec nos jeans Diesel et nos paires de lunettes
Tripotant nos téléphones d’un air idiot
Quelques spots clignotaient sur la piste déserte
Au son d’un tube du moment. Les cendriers
Brillaient, illuminés de ces lumières vertes
Des night-clubs de province au décor suranné
On dit bonjour, elles sourient, on prend un verre
Qu’on boit, et on pensait alors presque à bouger
Quand, à la porte apparut un grand légionnaire
Portant un képi blanc sur son crâne rasé
Suivi d’un autre encore plus grand et plus balèze
On évitait un peu de trop les regarder
On commençait même à se sentir mal à l’aise
Mais nous n’avions encore rien vu! Imaginez
Qu’il en entra ainsi bien une cinquantaine
Tirés à quatre épingles, aux souliers vernis
Une mer de drap beige aux senteurs incertaines
De cuir et de parfum d’after-shave. Transis
De peur, tous trois serrés au bar, parmi les fauves
Nous regardions une montagne de képis
S’accumuler en quelques instants dans l’alcôve
Du vestiaire feutré de la boîte de nuit
Qui n’a pas entendu ces histoires légendaires
De bagarres au couteau dans le port de Calvi
De vitrines cassées dans des litres de bière
De sauvages suant des fleuves de whisky?
Avez-vous déjà vu des tigres en costume
Saluer la taulière en découvrant leurs dents
Bien blanches et faisant tressaillir les volumes
Que forment sous leur peau leurs muscles et leur sang?
À boire! Et la musique à donf qui se déchaîne!
Le plus proche de nous, qui nous a remarqués
Nous aborde d’emblée. "Qu’est-ce qui vous amène?
Vous êtes Parisiens? Vous êtes vacanciers?"
Devant nous les consommations se renouvellent
Et nos verres sont remplis de ce que l’on buvait
Avant leur arrivée, et d’autres nous appellent
Et ils nous entourent, et nous questionnent, et le fait
De parler nous engage à sourire, et à faire
Connaissance et, l’alcool aidant, se raconter
Car nous n’eûmes le droit de régler aucun verre
Et chacun serait mort pour payer sa tournée!
Et la nuit se passa en histoires fort belles
Teintées de romantisme et de profond respect
Chaque mot pour la fille était "Mademoiselle"
Chaque regard pour nous était plein d’amitié
Ils nous ont expliqué la Légion étrangère
Avec tous les non-dits et les mots dangereux
La candeur oubliée aux horreurs de la guerre
Leur passé dont ils ne parlent pas. Car chez eux
Il y a des questions qui seraient indiscrètes
Il y a des souvenirs terribles que l’on tait
A-t-on déjà sondé le cœur des fortes têtes
Qui ne savent pleurer que des larmes d’acier?
Ils avaient rapporté du Vietnam ou d’Afrique
Du Nord, du Kosovo, de la Bosnie, du Tchad
Des tatouages, souvenirs mélancoliques
Où se gravaient les mots "Liberté", "Soledad"
"Une à ma mère", "À ma chérie", quelques réserves
De leurs amours pointées sur les doigts de leurs mains
Et lorsqu’ils se confient, bien souvent ils se servent
De ces livres de peau qui racontent sans fin
Puis la boîte a rangé ses Ricards et ses bières
Il fallait bien sortir et nous nous apprêtions
À prendre congé de nos amis légionnaires
"À pied? Vous plaisantez! Il n’en est pas question!"
Dirent-ils d’un seul corps. Ils nous raccompagnèrent
En Jeep décapotable, et roulant dans la nuit
Nous avons savouré l’odeur des conifères
Avec le capitaine et quelques potes à lui
On est allé prendre un verre à la citadelle
Dans une boîte près du port. C’était lundi
C’était presque l’hiver et la pluie était belle
Quand le jour se levait dans les rues de Calvi