Les paroles de la chanson
« Le bon berger »
Jean Guidoni
Les caveaux de famille ont de pesants mystères
Qu’il vaut bien mieux parfois laisser dormir en paix
Il faut laisser le droit aux aïeux de se taire
Accepter leur baiser et leur silence épais
Car s’il vous prend l’envie de chercher vos racines
Dans les tiroirs secrets des buffets Henri III
Vous y découvrirez des photos qui fascinent
Mais aussi le parfum de l’an quarante-trois
Vous risquez de trouver au creux des ménagères
La francisque martiale sous les couverts d’argent
Et dans le cher album la figure étrangère
D’un noble et beau vieillard au sourire engageant
Tous les enfants de France
Ont un second papy
Couronné d’espérance
Et de chêne au képi
Etoile à la houlette
Et moustache enneigée
Petit Francais, répète :
"Tu es notre berger"
Il n’est pas vraiment mort le maréchal aimable
Il juge vos actions, protège vos vertus
Et si son effigie ne trône plus à table
Elle veille encore au grain comme un vieillard têtu
Au moindre appel, voyez, les regards s’illuminent
Cerveaux au garde-à-vous et le cœur en gala
Les ancêtres oubliant le rock et l’albumine
Entonnant tous joyeux "Maréchal nous voilà"
Et chacun de conter comment de la défaite
Un berger consola tout un peuple vaincu
Et comment il sut faire d’un malheur une fête
Avec quelques discours et coups de pied au cul.
Orphelin de moitié quand mon papa d’OEdipe
Trimbalait le complexe plus qu’il n’est de raison
Un psychiatre apparut du prénom de Philippe
Et mamie s’écria : "Un homme à la maison"!
Alors mon cher papa fit couper ses anglaises
Qu’aux pieds du maréchal il s’en vint déposer
Petit short kaki et les genoux à l’aise
Jurant de féconder notre sexe opposé
Se gavant de Doriot plus que de vitamines
Il attendait le jour en relisant Péguy
Où lui aussi pourrait liquider la vermine
Et seconder tonton à traquer les maquis
Tous les enfants de France
Ont un second papy
Couronné d’espérance
Et de chêne au képi
Etoile à la houlette
Et moustache enneigée
Petit Francais, répète :
"Tu es notre berger"
Tata Fernande avait encore sa chevelure
Ses coques étagées dont mon oncle était fat
Ce bon tonton Marcel, qu’il avait fière allure
Sous le béret viril marqué du signe alpha!
Ils veillaient tard le soir et peaufinaient les listes
Des amis et voisins qui dessinaient des V
Des plouto-francs-macons et des bolcho-gaullistes
Des anglo-communistes à jamais enjuivés
Et puis au petit jour songeant à la droiture
Du héros de Verdun, tonton s’assoupissait
Cependant que tata à la Kommandantur
Postait ce qu’ils savaient de ces mauvais Francais
Tous les enfants de France
Ont un second papy
Couronné d’espérance
Et de chêne au képi
Etoile à la houlette
Et moustache enneigée
Petit Francais, répète :
"Tu es notre berger"
Quand grand’mère finissait d’espionner les voisines
Derrière le frais voilage des rideaux de Vichy
Elle semblait inventer la nouvelle cuisine
Au mou de veau spongieux farcissant ses hachis
"J’aurais tant aimé que papy goûte ma recette"
Disait-elle en touillant l’exquis rutabaga
Mais grand-père est mort depuis mil neuf cent dix-sept
Quelque part sur le front et d’autres petits gars
Comme lui ne diront rien à celui qui contemple
Leurs noms bien alignés dont l’or déjà s’éteint
Car mon grand-père est mort fusillé pour l’exemple
Sur l’ordre du bon berger sur l’ordre de Pétain
Tous les enfants de France
Ont un second papy
Couronné d’espérance
Et de chêne au képi
Etoile à la houlette
Et moustache enneigée
Petit Francais, répète :
"Tu es notre berger"
Qu’il vaut bien mieux parfois laisser dormir en paix
Il faut laisser le droit aux aïeux de se taire
Accepter leur baiser et leur silence épais
Car s’il vous prend l’envie de chercher vos racines
Dans les tiroirs secrets des buffets Henri III
Vous y découvrirez des photos qui fascinent
Mais aussi le parfum de l’an quarante-trois
Vous risquez de trouver au creux des ménagères
La francisque martiale sous les couverts d’argent
Et dans le cher album la figure étrangère
D’un noble et beau vieillard au sourire engageant
Tous les enfants de France
Ont un second papy
Couronné d’espérance
Et de chêne au képi
Etoile à la houlette
Et moustache enneigée
Petit Francais, répète :
"Tu es notre berger"
Il n’est pas vraiment mort le maréchal aimable
Il juge vos actions, protège vos vertus
Et si son effigie ne trône plus à table
Elle veille encore au grain comme un vieillard têtu
Au moindre appel, voyez, les regards s’illuminent
Cerveaux au garde-à-vous et le cœur en gala
Les ancêtres oubliant le rock et l’albumine
Entonnant tous joyeux "Maréchal nous voilà"
Et chacun de conter comment de la défaite
Un berger consola tout un peuple vaincu
Et comment il sut faire d’un malheur une fête
Avec quelques discours et coups de pied au cul.
Orphelin de moitié quand mon papa d’OEdipe
Trimbalait le complexe plus qu’il n’est de raison
Un psychiatre apparut du prénom de Philippe
Et mamie s’écria : "Un homme à la maison"!
Alors mon cher papa fit couper ses anglaises
Qu’aux pieds du maréchal il s’en vint déposer
Petit short kaki et les genoux à l’aise
Jurant de féconder notre sexe opposé
Se gavant de Doriot plus que de vitamines
Il attendait le jour en relisant Péguy
Où lui aussi pourrait liquider la vermine
Et seconder tonton à traquer les maquis
Tous les enfants de France
Ont un second papy
Couronné d’espérance
Et de chêne au képi
Etoile à la houlette
Et moustache enneigée
Petit Francais, répète :
"Tu es notre berger"
Tata Fernande avait encore sa chevelure
Ses coques étagées dont mon oncle était fat
Ce bon tonton Marcel, qu’il avait fière allure
Sous le béret viril marqué du signe alpha!
Ils veillaient tard le soir et peaufinaient les listes
Des amis et voisins qui dessinaient des V
Des plouto-francs-macons et des bolcho-gaullistes
Des anglo-communistes à jamais enjuivés
Et puis au petit jour songeant à la droiture
Du héros de Verdun, tonton s’assoupissait
Cependant que tata à la Kommandantur
Postait ce qu’ils savaient de ces mauvais Francais
Tous les enfants de France
Ont un second papy
Couronné d’espérance
Et de chêne au képi
Etoile à la houlette
Et moustache enneigée
Petit Francais, répète :
"Tu es notre berger"
Quand grand’mère finissait d’espionner les voisines
Derrière le frais voilage des rideaux de Vichy
Elle semblait inventer la nouvelle cuisine
Au mou de veau spongieux farcissant ses hachis
"J’aurais tant aimé que papy goûte ma recette"
Disait-elle en touillant l’exquis rutabaga
Mais grand-père est mort depuis mil neuf cent dix-sept
Quelque part sur le front et d’autres petits gars
Comme lui ne diront rien à celui qui contemple
Leurs noms bien alignés dont l’or déjà s’éteint
Car mon grand-père est mort fusillé pour l’exemple
Sur l’ordre du bon berger sur l’ordre de Pétain
Tous les enfants de France
Ont un second papy
Couronné d’espérance
Et de chêne au képi
Etoile à la houlette
Et moustache enneigée
Petit Francais, répète :
"Tu es notre berger"