Les paroles de la chanson
« La vieille »
Évelyne Gallet
"J’ai pas besoin de vous pour ranger mes vêtements
Partez! Vous m’encombrez!" dit la vieille en sautant
Pieds joints sur sa valise, on aurait dit Popeye!
Elle avait encore la souplesse des abeilles
Et d’un pas décidé vers la gare Saint-Lazare
Tandis qu’on faisait semblant de pleurer son départ
Elle s’en allait, trottant, son bagage à la main
Avec deux ou trois pauses pour se tenir les reins
"J’ai pas besoin de vous!" dit-elle au contrôleur
"Laissez-moi ma valise, j’en ai pour un quart d’heure
L’hospice est en banlieue, on dit qu’ c’est un château
Où les vieux jouent au Scrabble et aux petits chevaux
Moi, j’ai horreur de ça! Comprenez-vous, monsieur?
Je n’aime que les westerns avec plein de coups d’ feu
J’ai vu quatorze fois "L’infernale chevauchée"
Je vous l’ raconterais bien, mais nous sommes arrivés"
"J’ai pas besoin de vous!" dit-elle à l’infirmière
"Pour déplier mes draps, laissez-moi j’ai à faire"
Alors, de sa valise, à l’abri des regards
Elle sortit vingt bouteilles d’un célèbre pinard
Descendit au salon où les vieux et les vieilles
Jouaient aux petits chevaux en se grattant l’oreille
"Bonsoir messieurs, mesdames. Je m’appelle Fanchon
L’un d’entre vous n’aurait-il pas un tire-bouchon?"
"J’ai pas besoin de vous!" disait-elle au médecin
En élevant vers lui son troisième verre de vin
Tandis que les vieillards autour de la pendule
Chantaient à quatre voix "La grosse bite à Dudule"
Et l’on vit ce spectacle, ô combien ravissant
De quatre-vingts gâteux quittant l’établissement
Afin de ratisser les hospices du pays
Arrachant à la mort les moribonds surpris
"J’ai pas besoin de vous!" disait-elle au curé
Qui, sur le lit d’un vieux, s’esquintait à prier
"Vous voyez bien que ce cadavre n’est pas mort
S’il ne respire plus, par contre, il bande encore
Un petit coup d’ branlette le r’mettra sur ses pattes
Comme un coup de manivelle sur une vieille Juva 4"
Le prêtre, révulsé, tombait les bras en croix
Il respirait encore mais il ne bandait pas
"J’ai pas besoin de vous!" répétaient tous les vieux
Chaque fois qu’un député voulait s’occuper d’eux
"Car vous n’avez pas su vous occuper de nous
Du temps où nous avions encore confiance en vous
Tous les moyens sont bons pour gagner la Coupole
Si les morpions votaient, vous auriez la vérole
En tant qu’improductifs, nous ne produirons pas
Un imbécile de plus à la tête de l’État"
"J’ai pas besoin de vous!" dit-elle au nécrophage
Qui la poussait vers le ghetto du troisième âge
"Saloperie d’ technocrate qui inventa cette formule
Du haut de mon mépris, saloperie, je t’encule!
Oh! Tiens, c’est la première fois que je dis un gros mot!"
Et tout en se versant un p’tit verre de Porto
Elle fit un bras d’honneur, on aurait dit Popeye!
Elle avait encore la souplesse des abeilles
Partez! Vous m’encombrez!" dit la vieille en sautant
Pieds joints sur sa valise, on aurait dit Popeye!
Elle avait encore la souplesse des abeilles
Et d’un pas décidé vers la gare Saint-Lazare
Tandis qu’on faisait semblant de pleurer son départ
Elle s’en allait, trottant, son bagage à la main
Avec deux ou trois pauses pour se tenir les reins
"J’ai pas besoin de vous!" dit-elle au contrôleur
"Laissez-moi ma valise, j’en ai pour un quart d’heure
L’hospice est en banlieue, on dit qu’ c’est un château
Où les vieux jouent au Scrabble et aux petits chevaux
Moi, j’ai horreur de ça! Comprenez-vous, monsieur?
Je n’aime que les westerns avec plein de coups d’ feu
J’ai vu quatorze fois "L’infernale chevauchée"
Je vous l’ raconterais bien, mais nous sommes arrivés"
"J’ai pas besoin de vous!" dit-elle à l’infirmière
"Pour déplier mes draps, laissez-moi j’ai à faire"
Alors, de sa valise, à l’abri des regards
Elle sortit vingt bouteilles d’un célèbre pinard
Descendit au salon où les vieux et les vieilles
Jouaient aux petits chevaux en se grattant l’oreille
"Bonsoir messieurs, mesdames. Je m’appelle Fanchon
L’un d’entre vous n’aurait-il pas un tire-bouchon?"
"J’ai pas besoin de vous!" disait-elle au médecin
En élevant vers lui son troisième verre de vin
Tandis que les vieillards autour de la pendule
Chantaient à quatre voix "La grosse bite à Dudule"
Et l’on vit ce spectacle, ô combien ravissant
De quatre-vingts gâteux quittant l’établissement
Afin de ratisser les hospices du pays
Arrachant à la mort les moribonds surpris
"J’ai pas besoin de vous!" disait-elle au curé
Qui, sur le lit d’un vieux, s’esquintait à prier
"Vous voyez bien que ce cadavre n’est pas mort
S’il ne respire plus, par contre, il bande encore
Un petit coup d’ branlette le r’mettra sur ses pattes
Comme un coup de manivelle sur une vieille Juva 4"
Le prêtre, révulsé, tombait les bras en croix
Il respirait encore mais il ne bandait pas
"J’ai pas besoin de vous!" répétaient tous les vieux
Chaque fois qu’un député voulait s’occuper d’eux
"Car vous n’avez pas su vous occuper de nous
Du temps où nous avions encore confiance en vous
Tous les moyens sont bons pour gagner la Coupole
Si les morpions votaient, vous auriez la vérole
En tant qu’improductifs, nous ne produirons pas
Un imbécile de plus à la tête de l’État"
"J’ai pas besoin de vous!" dit-elle au nécrophage
Qui la poussait vers le ghetto du troisième âge
"Saloperie d’ technocrate qui inventa cette formule
Du haut de mon mépris, saloperie, je t’encule!
Oh! Tiens, c’est la première fois que je dis un gros mot!"
Et tout en se versant un p’tit verre de Porto
Elle fit un bras d’honneur, on aurait dit Popeye!
Elle avait encore la souplesse des abeilles