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Les paroles de la chanson
« La victoire de la madelon »
Fortugé

Chacun maint’nant cherche des souv’nirs de la guerre
Sans parler d’ceux que s’sont gardés les poilus
Car tout le monde sait qu’cette fois c’est bien la dernière
Nini fini on n’se battra jamais plus
Alors on collectionne des casques,
Des fusils, des sacs, des obus,
Des baïonnettes, voire même des masques,
Mais ce qui survivra le plus
Comme souvenir précis de ces jours triomphants
C’est le chant populaire alerte et bon enfant

Quand Madelon vient nous servir à boire
L’a-t-on assez chanté sur tous les tons
Et plus tard il fera dans l’histoire,
L’histoire un peu sans façon,
Si bien des choses nous paraissent sévères
Pourvu qu’on pince des tailles et des mentons
On en rit plus la peine de s’en faire
Hin Hin hin, hin hin hin, hin hin hin.

Si Madelon dev’nant la seule musique
Qu’on emploiera dans n’importe quel domaine
Voici maintenant ce qu’à l’Opéra-Comique
Nous ouïrons pour la millième de Carmen
L’amour est enfant de bohème
Qui n’a jamais connu de loi,
Si tu ne m’aimes pas, je t’aime
Et si je t’aime, prends garde à toi
Toréador en garde,
Et songe en combattant
Qu’un œil noir te regarde
Et que l’amour t’attend

Et Madelon viendra servir à boire
Aux diplomates qui passeront à Paris
Lord Herby leur dira, c’est notoire,
It the long way to Tipperary
Et nos édiles dans vingt-cinq ans à peine
Décrèteront pour illustrer son nom
Désormais l’boulevard de la Madeleine
S’appellera l’boulevard de la Madelon

La Madelon, comme on dit, n’est pas sévère
Et puisqu’en France tout finit par des chansons
Et qu’les chansons c’est ce qui remplit les verres
Il n’y a plus qu’à laisser pousser l’mouton
Que les bolcheviks se soulèvent
Que l’ouvrier engueule les patrons
Et que tout le monde se mette en grève
Y aura pas d’peine, car nous chanterons
C’est la lutte finale
Groupons-nous et demain
L’internationale sera le genre humain

Tant qu’Madelon viendra servir à boire
Quéqu’ça peut faire que nous manquions d’charbon
Ou qu’le boche se paie encore not’ poire
Au lieu d’payer nos millions?
Si pour bouffer nous n’avons plus qu’des briques
Que notre change fasse de nouveaux plongeons
Tout va bien, en avant la zizique
Et chantons Madelon, Madelon!