Les paroles de la chanson
« La fille des bois »
Francesca Solleville
Quand je me souviens de ma belle enfance
Et des boniments que j’ai entendus
Sur le mois de mai et ses espérances
J’étais l’oiselet piégé dans la glu.
J’étais une enfant, c’est incontestable
Mais une enfant moch’ comm’ je ne sais quoi.
Par définition une enfant coupable,
Quêtant l’aventur’ l’ soir au coin d’un bois.
Au coin de ce bois pleurait la chevêche.
Elle en avait l’air, mais cett’ garce-là
Au lieu de gémir se riait d’ ma dèche
Et de mes pieds nus bleuis par le froid.
Un’ nuit j’aperçus aux branches d’un chêne
Deux ou trois pendus en guis’ de pavois.
Des freux (1) ressemblaient à des fruits d’ébène.
Alors j’esquissai le sign’ de la croix.
C’était le chef-d’œuvre d’un grand capitaine
Qui peuplait l’ pays de ses souvenirs.
J’étais bien trop jeun’ pour sentir ma peine;
Ça n’ m’empêchait pas de me rendormir.
Les marpauts (2) venus d’un pauvre village
Galopaient la nuit de peur des narquois. (3)
Mais moi j’attendais sans doute un beau page
Vêtu d’écarlat’, coiffé comme un roi.
La nature est bonn’ pour tout ce qui bouge;
Plus tard un vaurien m’a pris’ par la main.
Ceux du coin du bois l’appelaient d’Auneau l’ Rouge;
Il m’a dit “Saut’ gueus’, le lit est dans l’ foin”
Ce fut la kermess’ tendre et libertine
Jusqu’au jour maudit où j’ le vis tout droit
Dans l’aube livid’ quand la guillotine
Tendait ses deux bras devant le beffroi.
Alors comme il faut un’ fin à tout’s choses,
Aussi décrépit’ qu’un hibou tondu,
Je suis revenue reprendre ma pose
À l’orée du bois du bon temps perdu.
C’est l’heur’ de la fin pour les vieill’s drôlesses.
Je ne vaux pas plus qu’un fagot d’ bois mort
C’est peut-êtr’ l’imag’ d’un’ vie sans sagesse
Mais pour la sagess’... c’était pas mon fort.
(1) freux = corbeau
(2) marpauts = mendiants, bandits
(3) narquois = soldat vagabond
Et des boniments que j’ai entendus
Sur le mois de mai et ses espérances
J’étais l’oiselet piégé dans la glu.
J’étais une enfant, c’est incontestable
Mais une enfant moch’ comm’ je ne sais quoi.
Par définition une enfant coupable,
Quêtant l’aventur’ l’ soir au coin d’un bois.
Au coin de ce bois pleurait la chevêche.
Elle en avait l’air, mais cett’ garce-là
Au lieu de gémir se riait d’ ma dèche
Et de mes pieds nus bleuis par le froid.
Un’ nuit j’aperçus aux branches d’un chêne
Deux ou trois pendus en guis’ de pavois.
Des freux (1) ressemblaient à des fruits d’ébène.
Alors j’esquissai le sign’ de la croix.
C’était le chef-d’œuvre d’un grand capitaine
Qui peuplait l’ pays de ses souvenirs.
J’étais bien trop jeun’ pour sentir ma peine;
Ça n’ m’empêchait pas de me rendormir.
Les marpauts (2) venus d’un pauvre village
Galopaient la nuit de peur des narquois. (3)
Mais moi j’attendais sans doute un beau page
Vêtu d’écarlat’, coiffé comme un roi.
La nature est bonn’ pour tout ce qui bouge;
Plus tard un vaurien m’a pris’ par la main.
Ceux du coin du bois l’appelaient d’Auneau l’ Rouge;
Il m’a dit “Saut’ gueus’, le lit est dans l’ foin”
Ce fut la kermess’ tendre et libertine
Jusqu’au jour maudit où j’ le vis tout droit
Dans l’aube livid’ quand la guillotine
Tendait ses deux bras devant le beffroi.
Alors comme il faut un’ fin à tout’s choses,
Aussi décrépit’ qu’un hibou tondu,
Je suis revenue reprendre ma pose
À l’orée du bois du bon temps perdu.
C’est l’heur’ de la fin pour les vieill’s drôlesses.
Je ne vaux pas plus qu’un fagot d’ bois mort
C’est peut-êtr’ l’imag’ d’un’ vie sans sagesse
Mais pour la sagess’... c’était pas mon fort.
(1) freux = corbeau
(2) marpauts = mendiants, bandits
(3) narquois = soldat vagabond