Les paroles de la chanson
« L'anatomie du conscrit »
Polin
Lorsque j’ passai la révision,
Sous le costume du ver de terre,
Le major, avec attention,
Me r’gardait d’vant et pis derrière.
Puis, m’ayant vu d’ la tête aux pieds,
Le v’là tout à coup qui s’écrie :
C’ gaillard, faudra l’ mettre cavalier,
Rapport à son anatomie.
Anatomie! Qu’ je m’ dis comme ça :
Vraiment, qu’est-c’que ça peut bien être?
J’ savais pas qu’j’avais c’ machin-là!
C’est-y qu’ça doit beaucoup paraître?
Où qu’ ça peut bien être placé
Cette bougre de maladie?
Ils auraient bien dû d’ m’exempter
Si j’ suis atteint d’anatomie!
Et dire que j’ me doutais de rien,
C’est tout d’ même extraordinaire.
J’ai des parents qui s’ portent bien
J’ai ma sœur qu’a rien d’arbitraire.
Faut qu’ ça soit à moi qu’ ça soit v’nu.
C’est à vous dégoûter d’ la vie.
Ah! Je sens bien que j’ suis f...ichu
A présent qu’ j’ai l’anatomie.
Afin de m’en débarrasser,
Les camarades de la chambrée
M’ont dit qu’il fallait m’ trémousser.
Et m’ont r’passé toutes leurs corvées.
Aussi, je m’ donne un mal de chien.
J’ balaie, j’astique, je brosse, j’essuie.
Ça m’éreinte, seul’ment, ça ne m’ fait rien.
Vu qu’ c’est pour mon anatomie
Dans la ville, toutes les dames ont su
Que j’avais cette espèce de machine,
Mais, quoi qu’elles fassent, elles n’ont rien vu,
Si j’ leur laisse voir, ça s’ra ma ruine.
Elles s’raient bien contentes d’y toucher;
Seul’ment chaque fois que j’ suis d’ sortie,
J’ai soin de n’ pas en approcher
D’ peur qu’a voient mon anatomie.
Si jamais j’ meurs un beau tantôt,
Chose qu’arrive à presque tout l’ monde,
Je veux qu’on grave sur mon tombeau
Cette phrase écrite en belle ronde :
« Ci-gît Jean-François, Pierre Lafleur,
Qu’a toujours aimé sa patrie.
Il n’avait pas la Croix d’honneur,
Mais il avait l’anatomie! »
Sous le costume du ver de terre,
Le major, avec attention,
Me r’gardait d’vant et pis derrière.
Puis, m’ayant vu d’ la tête aux pieds,
Le v’là tout à coup qui s’écrie :
C’ gaillard, faudra l’ mettre cavalier,
Rapport à son anatomie.
Anatomie! Qu’ je m’ dis comme ça :
Vraiment, qu’est-c’que ça peut bien être?
J’ savais pas qu’j’avais c’ machin-là!
C’est-y qu’ça doit beaucoup paraître?
Où qu’ ça peut bien être placé
Cette bougre de maladie?
Ils auraient bien dû d’ m’exempter
Si j’ suis atteint d’anatomie!
Et dire que j’ me doutais de rien,
C’est tout d’ même extraordinaire.
J’ai des parents qui s’ portent bien
J’ai ma sœur qu’a rien d’arbitraire.
Faut qu’ ça soit à moi qu’ ça soit v’nu.
C’est à vous dégoûter d’ la vie.
Ah! Je sens bien que j’ suis f...ichu
A présent qu’ j’ai l’anatomie.
Afin de m’en débarrasser,
Les camarades de la chambrée
M’ont dit qu’il fallait m’ trémousser.
Et m’ont r’passé toutes leurs corvées.
Aussi, je m’ donne un mal de chien.
J’ balaie, j’astique, je brosse, j’essuie.
Ça m’éreinte, seul’ment, ça ne m’ fait rien.
Vu qu’ c’est pour mon anatomie
Dans la ville, toutes les dames ont su
Que j’avais cette espèce de machine,
Mais, quoi qu’elles fassent, elles n’ont rien vu,
Si j’ leur laisse voir, ça s’ra ma ruine.
Elles s’raient bien contentes d’y toucher;
Seul’ment chaque fois que j’ suis d’ sortie,
J’ai soin de n’ pas en approcher
D’ peur qu’a voient mon anatomie.
Si jamais j’ meurs un beau tantôt,
Chose qu’arrive à presque tout l’ monde,
Je veux qu’on grave sur mon tombeau
Cette phrase écrite en belle ronde :
« Ci-gît Jean-François, Pierre Lafleur,
Qu’a toujours aimé sa patrie.
Il n’avait pas la Croix d’honneur,
Mais il avait l’anatomie! »