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Les paroles de la chanson
« L'adoration du shah »
Mayol

Un jeune artiste dramatique,
Pour une tournée s’expatria
Aux pays les plus exotiques
Et par la Perse il commença.
Mais ce qu’il eut de peine à croire,
C’est que les hommes de c’ pays-là
Portaient de grandes moustaches noires
Afin de ressembler au Shah.
Ceux d’ Paris, pensa le p’tit gars,
N’ont pas des barbes si longues que ça.

Vous voyez d’ici sa figure
Quand il sut, comme compensation,
Qu’ les femmes n’avaient pas de chevelure
A l’endroit que nous chérissons.
Ça doit être laid et ça m’ bouleverse
Ça n’ fait rien, lui reprit-on,
Car ici, ce n’est que l’ Shah d’ Perse
Que dévotement nous adorons.
Enfin, c’est l’ contraire de chez nous
Car de celui-là on s’en fout.

Il fit d’ l’œil à une belle Persane
Qui lui dit "Je ne puis aimer
Que les hommes à barbe et, toi, profane,
Tu n’as pas le moindre poil sous l’ nez"
Pour un artiste, quelle simple affaire.
Il fit un saut jusque chez lui
Et dit, en se collant une paire
D’ moustaches tombant jusqu’au nombril,
"Tout à l’heure, pour sûr, ça m’ gênera
Pour ça, je n’ puis adorer l’ Shah"

Ce fut une nuit de folle ivresse
Car elle s’faisait baiser partout.
Quand dans la chambre de leurs prouesses,
Le mari entra tout à coup,
Au lieu de crise et de menaces
Devant sa femme toute nue, y s’ prosterna
Car il avait, l’ pauvre bonasse,
Reconnu le portrait du Shah,
Les grosses moustaches étant restées
Collées à l’endroit qu’ vous pensez.