Les paroles de la chanson
« Complainte de pablo neruda »
Véronique Pestel
I
Je vais dire la légende
De celui qui s’est enfui
Et fait les oiseaux des Andes
Se taire au cœur de la nuit
Quand d’abord nous l’entendîmes
L’air était profond et doux
Un instrument anonyme
Préludait on ne sait d’où
Naïfs entre deux éclipses
Des paroles pour complot
Sans craindre l’apocalypse
Nous jouions avec les mots
Le ciel était de velours
Incompréhensiblement
Le soir tombe et les beaux jours
Meurent on ne sait comment
Si bas que volât l’aronde
Dans le ciel de par ici
La plus belle voix du monde
Effaçait les prophéties
Comment croire, comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j’entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
II
À Madrid il est consul
En trente-six quand le feu
Change sur la péninsule
En ciel rouge le ciel bleu
Le sang couvre dans Grenade
Le parfum des orangers
Quand s’éteint la sérénade
Du rouge-gorge égorgé
C’est la fin des pigeon-vole
Le vent nouveau maria
Dans la romance espagnole
Au Cid, Pasionaria
Une voix américaine
S’est mêlée aux musiciens
Et dit l’amour, dit la haine
Dit la mort des miliciens
Toi qui racontais aux mères
Comment meurent leurs enfants
Neruda, la graine amère
Mûrit dans l’air étouffant
Te voici tel que toi-même
Là-bas le Chili t’attend
Il grandit dans l’anathème
Le chanteur de quarante ans
III
Le feu, la fumée enfante
Qui semble naître du toit
Le peuple pour qui tu chantes
A des yeux noirs comme toi
Les maisons disent la terre
Et les oiseaux à leur front
Malaisément pourraient taire
Ce que les hommes y font
Rien désormais ne sépare
Des lèvres le mot chanté
Toute chose se compare
À la seule liberté
Lorsque la musique est belle
Tous les hommes sont égaux
Et l’injustice rebelle
Paris ou Santiago
Nous parlons même langage
Et le même chant nous lie
Une cage est une cage
En France comme au Chili
IV
Mais une atroce aventure
S’abat sur ce pays-là
Ramenant la dictature
Du Président Videla
Neruda qui le dénonce
Était hier son ami
Le Président en réponse
Au cachot le voudrait mis
L’ambassade du Mexique
L’a recueilli quelque temps
Mes seigneurs quelle musique
A fait le gouvernement
Il a donné sa parole
Que Pablo pouvait partir
À l’étranger qu’il s’envole
Nul ne veut le retenir
L’auto quand à la frontière
Elle parvient cependant
Halte-là! Machine arrière
Par ordre du Président
Depuis ce temps-là, mystère
Les chiens l’ont en vain pisté
Qui sait où Pablo se terre
Pourtant on l’entend chanter
V
Sous le fouet de la famine
Terre, terre des volcans
Le gendarme te domine
Mon vieux pays Araucan
Pays double où peuvent vivre
Des lièvres et des pumas
Triste et beau comme le cuivre
Au désert d’Atacama
Avec tes forêts de hêtres
Tes myrtes méridionaux
Ô mon pays de salpêtre
D’arsenic et de guano
Mon pays contradictoire
Jamais libre ni conquis
Tu verras sur ton histoire
Planer l’aigle des Yankees
Entrez, entrez dans la danse
Volcans, mes frères volcans
L’étoile d’indépendance
Luit pour le peuple Araucan
VI
Absent et présent ensemble
Invisible mais trahi
Neruda, que tu ressembles
À ton malheureux pays
Ta résidence c’est la mer
Et le ciel en même temps
Silencieux solitaire
Et dans la foule chantant
Noire et blanche l’existence
L’insomnie a pour loyer
Les nuits de la résistance
Ont l’air de manteaux rayés
Mais voici le matin blême
Ça ne peut plus durer
La Grèce et Jérusalem
La Chine déchirée
Déjà le monde entier forme
Un rêve pareil au tien
C’est un soleil énorme
Qu’une main d’enfant retient
Je vais dire la légende
De celui qui s’est enfui
Et fait les oiseaux des Andes
Se taire au cœur de la nuit
Quand d’abord nous l’entendîmes
L’air était profond et doux
Un instrument anonyme
Préludait on ne sait d’où
Naïfs entre deux éclipses
Des paroles pour complot
Sans craindre l’apocalypse
Nous jouions avec les mots
Le ciel était de velours
Incompréhensiblement
Le soir tombe et les beaux jours
Meurent on ne sait comment
Si bas que volât l’aronde
Dans le ciel de par ici
La plus belle voix du monde
Effaçait les prophéties
Comment croire, comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j’entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
II
À Madrid il est consul
En trente-six quand le feu
Change sur la péninsule
En ciel rouge le ciel bleu
Le sang couvre dans Grenade
Le parfum des orangers
Quand s’éteint la sérénade
Du rouge-gorge égorgé
C’est la fin des pigeon-vole
Le vent nouveau maria
Dans la romance espagnole
Au Cid, Pasionaria
Une voix américaine
S’est mêlée aux musiciens
Et dit l’amour, dit la haine
Dit la mort des miliciens
Toi qui racontais aux mères
Comment meurent leurs enfants
Neruda, la graine amère
Mûrit dans l’air étouffant
Te voici tel que toi-même
Là-bas le Chili t’attend
Il grandit dans l’anathème
Le chanteur de quarante ans
III
Le feu, la fumée enfante
Qui semble naître du toit
Le peuple pour qui tu chantes
A des yeux noirs comme toi
Les maisons disent la terre
Et les oiseaux à leur front
Malaisément pourraient taire
Ce que les hommes y font
Rien désormais ne sépare
Des lèvres le mot chanté
Toute chose se compare
À la seule liberté
Lorsque la musique est belle
Tous les hommes sont égaux
Et l’injustice rebelle
Paris ou Santiago
Nous parlons même langage
Et le même chant nous lie
Une cage est une cage
En France comme au Chili
IV
Mais une atroce aventure
S’abat sur ce pays-là
Ramenant la dictature
Du Président Videla
Neruda qui le dénonce
Était hier son ami
Le Président en réponse
Au cachot le voudrait mis
L’ambassade du Mexique
L’a recueilli quelque temps
Mes seigneurs quelle musique
A fait le gouvernement
Il a donné sa parole
Que Pablo pouvait partir
À l’étranger qu’il s’envole
Nul ne veut le retenir
L’auto quand à la frontière
Elle parvient cependant
Halte-là! Machine arrière
Par ordre du Président
Depuis ce temps-là, mystère
Les chiens l’ont en vain pisté
Qui sait où Pablo se terre
Pourtant on l’entend chanter
V
Sous le fouet de la famine
Terre, terre des volcans
Le gendarme te domine
Mon vieux pays Araucan
Pays double où peuvent vivre
Des lièvres et des pumas
Triste et beau comme le cuivre
Au désert d’Atacama
Avec tes forêts de hêtres
Tes myrtes méridionaux
Ô mon pays de salpêtre
D’arsenic et de guano
Mon pays contradictoire
Jamais libre ni conquis
Tu verras sur ton histoire
Planer l’aigle des Yankees
Entrez, entrez dans la danse
Volcans, mes frères volcans
L’étoile d’indépendance
Luit pour le peuple Araucan
VI
Absent et présent ensemble
Invisible mais trahi
Neruda, que tu ressembles
À ton malheureux pays
Ta résidence c’est la mer
Et le ciel en même temps
Silencieux solitaire
Et dans la foule chantant
Noire et blanche l’existence
L’insomnie a pour loyer
Les nuits de la résistance
Ont l’air de manteaux rayés
Mais voici le matin blême
Ça ne peut plus durer
La Grèce et Jérusalem
La Chine déchirée
Déjà le monde entier forme
Un rêve pareil au tien
C’est un soleil énorme
Qu’une main d’enfant retient