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Les paroles de la chanson
« Chez le docteur »
Juliette

Le petit père Combes s’en va chez le docteur
"Ah! Docteur, je suis bien malade!
J’ai, comment vous dire? L’estomac gazouilleur
Comme un vieux siphon d’ limonade
Enfin, j’ai quelque chose, là
Qui ne passe pas! Que’qu’ chose qui ne passe pas
Le docteur fait "Mais dites-moi
N’est-ce pas un projet de loi?"

- Voyons, r’prit le docteur, avez-vous un moment?
De vous asseoir prenez la peine
Ça n’ sera pas long. Pour voir ce qu’y a dedans
Je vais vous ouvrir l’abdomen
- Hé! Fit Combes, attendez, morbleu!
Y m’ semble Docteur, que ça va déjà mieux
Puis, vous savez, j’ suis pas curieux
N’ vous dérangez pas pour si peu

- Laissez, dit l’ docteur, n’ vous occupez donc pas
Je fais ça comme on vide un litre
Puis je suis en train, ce matin j’ai déjà
Ouvert plusieurs douzaines d’huîtres
N’ayez pas peur, vous n’ sentirez
Absolument rien, je vais vous boucher l’ nez
Tout ça sera proprement fait
Et plus vite qu’un porte-monnaie!

Là-dessus, il opère, il regarde et il dit
"Jusqu’ici vous n’avez pas d’ chance
De maladie de foie, mais quant à la phtisie
C’est couru, galopé d’avance
Dans vos bronches, ah! Quel vent du Nord!
Ça fait courant d’air avec le corridor
Vos poumons semblent respirer
Autre chose que la sainteté!

Ah! Voici le cœur! Dame, il n’est pas très grand
Je pourrais le mettre dans ma poche
Tiens! Vous le portez, ça c’est très élégant,
Crânement sur l’oreillette gauche
Il semble atteint, en vérité,
D’une par trop grande sensibilité
Ça doit joliment vous gêner
Je crois bien qu’il faudra l’enlever!

Oh! Ça c’est curieux, vous vous êtes foulé
La rate. Mais le diable m’emporte!
Comment avez-vous donc pu vous dévisser
Tout seul la crosse de l’aorte?
Ah! Vous êtes un fameux lapin
Parbleu! Je l’ vois bien d’ l’autre côté du rein
Vous devez être fort, mon garçon,
Mais là, très fort sur la boisson!

Voyons donc ce ventre, il est joliment creux
Son état... (mais restez tranquille!
Ah, mon pauvre ami, ce qu’ vous êtes chatouilleux!)
Son état, dis-je, est fort débile
Votre intestin grêle, vraiment
N’a pas le sourire, il n’est pas engageant
Entre nous, je n’ai jamais vu
Un intérieur plus mal tenu!

Ah! Les sales boyaux! Mais quelle belle occasion
Pour vous, et vraiment peu loisible
De dire bonjour à votre vieux côlon
En ce moment, il est visible
Mais n’ vous trémoussez pas comme ça
Vous avez fait choir mon lorgnon dans le tas
Si je n’ le retrouve pas là-dedans
Vous le paierez en supplément!

Mais qui disait donc qu’ vous aviez d’ l’estomac?
Le vôtre m’a l’air d’être en bombe
Je ne le vois pas. "Regardez donc plus bas"
S’écrie une voix d’outre-Combes
Je l’ tiens, dit le docteur, pardon!
Il est rudement bas, il est sous vos talons
Ah! Nom d’un chien qu’il est usé
Faudra le faire ressemeler!

Mais attendez donc! Grands dieux! Qu’est-ce que j’y vois?
Une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept fèves!
Petit cachottier, vous pouviez être roi!
Mais plus modestes sont vos rêves
Qu’est-ce encore? Une gomme pour crayon,
Une pièce du Pape? C’est ça qui doit être bon
Naïf, avez-vous pu penser
Un instant qu’elle allait passer?

Tout ça n’ sera rien, dit l’ docteur ayant r’mis
Toutes ces choses à leur place
Ah! Voyons la langue? Pas trop sale
Aujourd’hui ne buvez que du Clos Wallace
Au fait, revenez d’main en passant
Que j’ vous ouvre le crâne, y a peut-être que’qu’ chose dedans
Mais nettoyez-le, grattez-le
Je n’ veux pas y trouver un ch’veu!